Aujourd’hui c’est un témoignage dont j’ai envie de vous faire part, celui de Patrick qui a perdu son chien il y a un mois à peu près. Il a été obligé d’emmener son animal chez le vétérinaire pour le faire euthanasier à l’âge de neuf ans. C’était un dogue argentin qui répondait au nom de « Démon » (pourquoi pas !).
Il me confiait que sa relation avec son chien lui paraissait normale et naturelle, sans position véritable sur le plan hiérarchique. Il se contentait de vivre avec Démon et c’est tout. Quand il faisait une bêtise, il le grondait, quand il aboyait trop il lui criait dessus pour qu’il se taise, quand il était sur e point de se battre avec un autre chien il le punissait en l’enfermant dans le garage pendant une heure. Finalement il comprenait qu’il avait été comme beaucoup de maîtres, c’est à dire qu’il n’avait pas spécialement cherché à comprendre les attitudes de son chien. Et pour aller plus loin, il se demandait si son compagnon de vie de neuf ans avait compris son comportement lorsqu’il le sermonnait.
Un jour, Démon lui mordit la main. Et Patrick reconnut que tout avait changé dans leur relation car il ne reconnaissait plus son fidèle compagnon. Il a donc demandé à son entourage, parmi des personnes propriétaires de chiens, comment interpréter cette morsure et comment revenir sur une relation de confiance avec son animal. Après avoir tout entendu : « il y a des races qui sont mordeuses », « vous n’avez pas bien éduqué votre chien », « il réitèrera maintenant vous devez le faire piquer ». Ces « réponses », qui n’en étaient finalement pas, n’étaient pas réjouissantes pour lui et ne le satisfaisaient pas car il estimait qu’elles n’étaient pas valables.
Finalement il décida de le garder jusqu’à sa mort (je précise que l’euthanasie faisait suite à l’abrègement de ses souffrances suite à un cancer de l’estomac et non parce qu’il l’avait mordu) mais son amour pour son chien n’était plus le même.
Quand il fut chez le vétérinaire, et que celui-ci était en train de faire l’injection du produit qui allait abréger les souffrances de son chien, c’est là qu’un électrochoc se produisit. Il se posait à cet instant précis les bonnes questions : « Qui était mon chien, comment me percevait-il, est-ce qu’il a été heureux en ma compagnie, est-ce que mes hurlements pour le faire taire ou le disputer d’une bêtise avaient eu un sens pour lui, avais-je compris pourquoi il m’avait mordu ? »
Pour finir, il me confia qu’il se sentait coupable de ne pas avoir cherché à connaître son chien, ni à le comprendre. Il poursuivit en disant : « quand j’aurai digéré sa disparition, je prendrai un autre chien et je ne me comporterai aucunement de la même façon, mon comportement sera différent ».
Certains ne comprendront rien sans doutes, mais ceux-là n’auront pas été au bout de mon texte, et pour les autres qui vivent avec leur chien de la même façon que Patrick l’a fait s’interrogeront peut-être sur leur relation avec leur animal afin de mieux le comprendre et donc mieux l’aimer, et avoir tant d’amour en retour.